Le 1er août 1936, le paquebot Usaramo appareille de Hambourg. À son bord, une foule de civils parmi lesquels un groupe de 86 gaillards, tous membres d’une petite société de voyages d’agrément. Dans les cales, rien non plus ne distingue du reste de la cargaison une centaine de caisses tamponnées « machines agricoles ». Aucun des passagers ne remarquera qu’à partir des côtes portugaises, l’Usaramo est escorté à bonne distance par le croiseur Deutschland. Les 86 jeunes hommes débarquent avec les caisses à Cadix le 6 août et rembarquent aussitôt sur un train pour Séville, prise la veille par les troupes marocaines du général Queipo de Llano. Arrivées sur place, les caisses révèlent 6 chasseurs Heinkel He 51, 20 canons de DCA de 20 mm, 100 tonnes de matériels divers et de munitions. Les 86 voyageurs ne sont pas des touristes mais des pilotes de chasse, des équipages de bombardiers et 60 « rampants » au service des avions. Le plus âgé est leur chef, le major Alexander von Scheele; le plus distingué, le commandant des équipages, le chevalier Rudolf von Moreau. Ils forment l’avant-garde de la légion Condor.
Le premier pont aérien de l’histoire
Lorsque, les 17 et 18 juillet 1936, les généraux nationalistes espagnols déclenchent leur soulèvement contre la république, ils anticipent un succès rapide. Il n’en est rien. Leur plan échoue à Madrid et Barcelone et, le 21 juillet, ils ne contrôlent que 40 % des régions les plus pauvres et les moins peuplées de l’Espagne. Pire: les républicains ont saisi 430 des 549 avions disponibles (tous obsolètes il est vrai) et 90 % de la flotte. Les rebelles ont cependant pour eux l’élite de l’armée de terre: les 25 000 hommes de l’armée d’Afrique, Marocains et légionnaires. Mais comment leur faire passer le détroit de Gibraltar puisque flotte et aviation obéissent à leurs adversaires?
Aux côtés des rebelles, 25 000 hommes, Marocains et légionnaires.
Le 23 juillet, conscient que la rébellion est condamnée à court terme par l’avancée irrésistible des
