Vingt-cinq ans après la sortie du premier « Harry Potter », elle est submergée par un tsunami de haine. Parce qu’elle est devenue l’icône de la liberté d’expression
Menaces de mort et de sévices sexuels, rien ne lui est désormais épargné. Mais les apprentis bourreaux réveillent de graves traumatismes. On connaissait l’histoire devenue mythique de la jeune mère célibataire et fauchée, qui écrivit le premier tome de « Harry Potter » dans les cafés, faute de place chez elle. On a longtemps ignoré que sa situation était bien plus périlleuse : elle venait de s’arracher, avec son bébé, à l’emprise d’un mari violent. Quelques années plus tard, elle découvre une autre brutalité, celle des réseaux sociaux.
Jeune maman, elle s’était réfugiée à Édimbourg pour fuir un mari violent
Au début des années 2000, les fondamentalistes chrétiens brûlaient ses livres. Aujourd’hui, les « progressistes » les brûlent sur TikTok
De notre envoyée spéciale en Écosse Karen Isère
Je suis en colère contre Rowling ! » lance Mingjué*, 29 ans. Voix basse, pomme d’Adam, minijupe et vernis blanc, cette étudiante chinoise se déclare trans non binaire mais n’aime pas les pronoms « they/them », équivalents anglais de « iel ». Alors, à l’occasion de ce 8 mars, Journée internationale des femmes, elle demande qu’on la qualifie au féminin. Et qu’on masque son identité sous un pseudonyme, comme tant d’interlocuteurs à Édimbourg dès qu’on évoque la romancière britannique de 57 ans. Aux yeux de Mingjué, c’est sa faute si une femme trans a été assassinée dans des toilettes pour hommes à Wuhan, en Chine, l’an dernier : « Pour son meurtrier, elle était un monstre, il a même déchiqueté ses sous-vêtements. » En quoi Rowling est-elle responsable ? « Elle dit que toutes les transgenres sont dangereuses et qu’il faut leur interdire les toilettes pour femmes. » Quand on demande à Mingjué si elle