Lorsqu’il ne travaille pas les terres de son Dorset natal, Sir John Eliot court les podiums, à la tête des ensembles qu’il a fondés ou des grandes formations symphoniques qui l’invitent. Il contribuera, deux semaines après son anniversaire, aux cérémonies du couronnement du roi Charles III, son soutien de longue date. Mais soufflera d’abord ses bougies en pleine tournée de la Messe en si de Bach, partition-clé de ses presque soixante ans au pupitre.
Un choix incontournable, ou un concours de circonstances ?
John Eliot Gardiner : Un choix absolument incontournable ! La Messe en si est le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, rien n’est plus exaltant pour l’âme, et je ne laisse passer aucune occasion de l’approfondir. Parce qu’elle s’abreuve à l’immense corpus des cantates, dans l’intégralité duquel nous nous sommes immergés de façon exclusive il y a déjà presque un quart de siècle. Parce que demeure, comme si souvent chez Bach, le mystère de l’alliance entre le circonstanciel de certaines parties, probablement écrites pour aider son fils Wilhelm Friedemann à obtenir le poste d’organiste à Dresde, et celles qui représentent une somme purement gratuite et spéculative de ses dernières années. Il est peu probable qu’il ait entendu de son vivant beaucoup des numéros qui composent la Messe, mais certain que leur structuration incarne un idéal de son imaginaire.
Les Troyens prendront le relai cet été, en concert et non mis en scène – un choix là encore ?
Non, simple question d’argent. L’invention de Berlioz est si riche qu’elle