Le 28 septembre 1987 naissait Le Concert Spirituel. Aucun obstétricien de la musique ne nota l’heure exacte. Depuis, Hervé Niquet s’est imposé dans un répertoire de plus en plus vaste, en particulier français, dont il explore les recoins les plus secrets avec la frénésie d’un avion renifleur. Trentecinq ans de passion, avec leur lot de célébrations et de polémiques. Un anniversaire que le chef fête en se lançant dans une dispendieuse tétralogie de l’opéra baroque français.
Au moment précis où vous créez Le Concert Spirituel naissent vos deux filles.
Hervé Niquet : Le fait est établi : mon épouse a accouché de nos jumelles alors que je commençais à répéter Don Quichotte chez la Duchesse de Boismortier. Je me demande si ce n’est pas l’acte fondateur du Concert Spirituel. C’est un des très jolis souvenirs de ma vie : l’ensemble et mes jumelles sont vraiment liés.
Le projet de la formation a-t-il beaucoup évolué ?
Non, parce que je n’ai pas changé de manière de travailler. Je suis un lent, j’aime bien comprendre ce que je dirige et comment le transmettre, comment guider les musiciens. Je me documente énormément et ne décide pas le lundi de diriger la de Bach pour la donner le vendredi. Généralement, quand je mets quelque chose sur le métier, ça me