Edvard Grieg fait la connaissance de Henrik Ibsen fin 1865 lors de son premier voyage à Rome. Se rendre dans la Ville éternelle est alors considéré, jusqu’en Scandinavie, comme une étape de formation indispensable aux artistes. Ibsen, qui a quitté la Norvège en 1864, va séjourner vingtsept ans en Italie, dont quatre dans la capitale où Peer Gynt germe dans son esprit. Ce drame épique et initiatique aux colossales proportions est achevé en 1867, entre Rome, Frascati et Ischia. Il a pour héros un jeune fanfaron aussi coureur que menteur, qui parcourt le monde et va d’échec en échec, avant de rentrer au pays, vieux et amer.
L’épreuve du feu
En 1874, l’auteur s’avise qu’il est possible d’adapter à la scène ces cinq actes peu faits pour les ressources limitées du théâtre. Il se tourne vers Grieg qui accepte d’en écrire la musique, par admiration pour Ibsen mais aussi parce qu’il est à court d’argent. Las ! l’enthousiasme retombe devant l’ampleur de la tâche. Dix-huit mois sont nécessaires au compositeur pour venir à bout des vingt-six numéros émaillant la représentation. Auprès d’un correspondant, Grieg se réjouit que le dramaturge lui laisse « les mains