UNE CONTRADICTION. Difficile de ne pas voir l’Alabama avec des œillères. Le poids de l’histoire est partout. Qu’elle soit sociale, politique ou culturelle et même musicale. Car l’État qui a vu naître Condoleezza Rice et Carl Lewis, W.C. Handy et Evander Holyfield, Eddie Kendricks et Jesse Owens, Hank Marvin, Jason Isbell ou Early James est une contradiction à lui seul et représentait une manière d’incarnation du mal avec sa ségrégation raciale légalisée, qui obligeait Noirs et Blancs à vivre séparément avec leurs propres écoles, cimetières, commerces ou églises.
Cependant, en sillonnant Birmingham, et notamment autour de la 16e Rue, les photos noir et blanc des émeutes raciales qui ont secoué la ville dès la première moitié des années 1960 reviennent en mémoire. Elles ont fait le tour du monde et sont à l’origine d’un engouement international pour la lutte des droits civiques aux États-Unis. Ces clichés ont été pris à Birmingham, la plus grande ville d’Alabama, dirigée alors d’une main de fer par Theophilus Eugene “Bull” Connor. Bull Connor? Un ségrégationniste notoire, commissaire à la sécurité publique de la cité pendant plus de deux décennies. Mais Connor était surtout connu pour avoir fait réprimer, avec une violence inouïe, les manifestations réclamant l’attribution des droits civiques aux citoyens noirs, notamment lors de la campagne de Birmingham, en 1963, menée par la Southern Christian Leadership Conference.
Aujourd’hui encore, dans en réclamant notamment l’utilisation de lances à incendie et de chiens d’attaque contre les manifestants, y compris à l’encontre des enfants.