Rock and Folk

THE BRILL BUILDING Le bureau des légendes

IMPOSSIBLE AUJOURD’HUI D’IMAGINER QUE L’IMMEUBLE JOLIMENT RÉTRO QUI FAIT LE COIN DE BROADWAY ET DE LA 49e RUE ÀNY, occupémaintenant par un banal drugstore et de très conventionnels bureaux, fut autrefois le décor de si riches heures de musique que le monde en tremble encore. “Stand By Me”, “Jailhouse Rock”, “You’ve Lost That Lovin’Feelin’”, “A Teenager In Love”, “River Deep Mountain High”, “Be My Baby”, “Leader Of The Pack”, “What’s New, Pussycat?”, “I Can Hear Music”, “Spanish Harlem”, “The Loco-Motion” ou “On Broadway”, entre mille autres perles qui ont défini toute la musique américaine du XX ème siècle, sont tous sortis de cette magique usine pop.

L’allée des boîtes de conserve

Disons-le, jamais sans doute on ne vit plus de petits génies au mètre carréque dans ce Brill Building oùles loyers bas avaient attiréune poignée d’éditeurs venus du Tin Pan Alley voisin et bien décidés à profiter pleinement de cette nouvelle clientèle de teenagers. Tin Pan Alley était le surnom d’un pâtéde maisons tout proche où, par commodité, s’étaient regroupés dès la fin du siècle tous les acteurs de ce marchémusical débutant, les musiciens, les auteurs, les compositeurs, et surtout les éditeurs qui profitaient du boom de la vente des pianos, et donc des partitions, et c’est la cacophonie de tous ces instruments qui jouaient partout, tout le temps, qui donna son nom, l’allée des boîtes de conserve, à tout le quartier. Irving Berlin, Duke Ellington ou George Gershwin y régnaient. L’entre-deux-guerres vit le business commencer à migrer vers Times Square, plus proche des théâtres, oùfinalement le Brill Building, 1619 Broadway, véritable Tin Pan Alley vertical, devint ainsi le repaire de toute l’industrie musicale réunie sous un même toit. Il y eut jusqu’àcent soixante-cinq sociétés différentes qui travaillaient sur le modèle fordien du travail à la chaîne, modèle plus ou moins bricolédu temps de Tin Pan Alley mais qui, ici perfectionné, deviendra la marque de fabrique du Brill Building. Un auteur pouvait écrire une chanson sur un piano dans un bureau, la proposer à un éditeur et trouver un arrangeur et un orchestrateur au même étage. Puis, sans jamais quitter l’immeuble, trouver des musiciens, réserver un studio, enregistrer une démo, la proposer à un label ou à un agent. Il y avait aussi des attachés de presse pour la faire connaître et des avocats pour régler les problèmes de ce petit monde. Une organisation implacablement efficace donc, un seul lieu, un seul but, “” et bien sûr, ça marche et les tubes s’accumulent. Grands orchestres de swing et chanteurs de charme avaient toujours besoin de nouveautés et le BB leur fournissait du surmesure, soigneusement façonnépour chaque artiste.

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