Wahala, photographies de Robin Hinsch, Gost Books, 24 × 30 cm, 128 pages, 50 € En yoruba, “wahala” signifie “problème” ou bien “détresse”. À voir le paysage de désolation qu’est devenu le delta du Niger, dévasté par l’exploitation pétrolière, on comprend le malaise. Même sensation de violence irréparable dans la ceinture houillère du Jharkhand, en Inde, mais aussi dans les mines à ciel ouvert de Brandebourg en Allemagne et de Silésie en Pologne. Avec l’aide d’activistes locaux, le photographe Robin Hinsch a arpenté le monde afin d’ausculter les plaies de l’extraction minière et pétrolière, dénonçant dans des images fortes les répercussions écologiques et humaines de la dépendance mondiale aux combustibles fossiles. Pour cela le photographe adopte un style résolument pictural, s’éloignant du documentaire pour nous faire sentir la fumée, la poussière et la rouille de manière organique, dans des images à la matière incroyable. Une façon de nous rappeler d’où provient l’énergie avec laquelle nous consommons, nous nous déplaçons, nous nous chauffons… Aux images d’infrastructures titanesques et de paysages défigurés répondent des portraits témoignant des conditions dans lesquelles les personnes vivent et travaillent sur ces lieux d’extraction. Si ce n’est pas l’apocalypse, c’est en tout cas une combustion à petit feu… JB
Blague à Parr
Chew Stoke , photos de Martin Parr, Maison CF, 25 × 27 cm, 108 pages, 55 €
Au rythme soutenu auquel publie Martin Parr, il est parfois difficile de s’y retrouver, mais ce , édité en français par Maison CF, est un très bon cru. Réalisé au début des années 1990, et resté inédit jusqu’ici, ce sujet en immersion s’inscrit dans la lignée directe de son fameux livre . Exit les stations, celle des villages et de leurs immaculés, comme dans une chanson des Kinks. Dans cette localité dont le seul nom (“mastique enfourne” en VF) a dû titiller le côté moqueur du photographe, on retrouve tout ce qui fait l’esprit anglais, jusque dans ses manies et traditions les plus improbables, dignes d’un épisode de : goût du travestissement, buffets à volonté, parties de , place toujours centrale de l’église… Mais entre les pulls jacquard et coupes mulets typiques de l’époque, l’œil affûté du chroniqueur social souligne aussi les tensions entre vie en communauté et aspirations individualistes.