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la rétrospective: PAUL SMITH HABILLE PABLO PICASSO

n prénom les rapproche, le reste semble les opposer. L’un est l’incarnation du tempérament latin, l’autre celle du flegme anglosaxon; l’un aime la corrida, l’autre la bicyclette; le premier multipliait les conquêtes féminines, le second file le parfait amour avec la même femme depuis cinquante ans., l’autre, un maître du tailoring, qui habille les deux sexes en couleur. Si l’on s’en tient à la biographie, difficile d’imaginer deux hommes plus différents. Pablo Picasso (1891-1973), au physique compact et trapu, mis en scène par Sir Paul Smith, grand et délicat. L’idée a d’abord surpris le couturier, pourtant amateur et collectionneur d’art, avant de l’intimider et surtout de l’honorer. “Je n’ai reçu qu’une éducation artistique sommaire, je finis donc toujours par aborder les choses sur le mode visuel”, précise-t-il pour mieux se prévenir d’éventuelles critiques qui pourraient trouver son parti pris scénographique irrespectueux. “En tant que créatif, j’ai toujours eu le monde de l’art pour référence. J’ai pu plonger dans le cubisme de Georges Braque et de Pablo Picasso, dans les couleurs d’Henri Matisse et dans celles de Claude Monet. Mais je n’en ai pas la connaissance académique.” Amoureux compulsif des objets et des images autant que créateur prolifique (à l’instar de Picasso), Paul Smith a donc, avec spontanéité – voire ingénuité – conçu un parcours intuitif, thématique ou esthétique plus que chronologique. L’impression, d’une salle à l’autre, est celle d’un jeu de piste et de signes iconiques. Les murs sont colorés, customisés par le lord anglais dans une mise en scène tonique où les associations graphiques dominent. Révélant ainsi, mais différemment, 200 œuvres du peintre (toiles, sculptures, céramiques) ou effets personnels (masques africains et océaniens). Dans la salle consacrée à la tauromachie et à la fameuse (1942, selle et guidon en cuir et métal), les murs sont décorés de selles et guidons modernes créés par Paul Smith. Dans celle dédiée au Picasso icône photographié en marinière par Robert Doisneau (1952), la pièce est à rayures jaunes, rouges et bleues. Dans une autre salle, tout n’est que collage pour mettre en valeur la couverture de (mai 1951) détournée par le peintre. Le résultat est excentrique et séduisant: l’hôtel Salé, prototype de l’architecture mazarine est habillé de l’esthétisme coloré du couturier et patiné d’humour anglais. “Les œuvres de Picasso que j’ai vues sont généralement accrochées de façon minimaliste et d’une manière traditionnelle. J’espère offrir un point de vue moins conventionnel”, conclut Paul Smith. Espoir non déçu. L’univers Paul Smith instagrammable rencontre le génie pictural de Picasso, pour la plus belle des alliances entre art, mode, design et pop culture. (IL)

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