Diapason

Le Diable et le forgeron

Noël en Ukraine, au temps de Catherine II. Dans le village de Dykanka, la belle Oxana fait languir le forgeron Vakoula, qui donnerait tout pour l’épouser. Elle lui promet sa main s’il parvient à lui procurer les souliers brodés de fils d’or de la tsarine. Et il y parvient grâce à un amant de sa mère (la sorcière Solokha) qui n’est autre que le Diable: un bougre presque attachant qui se blesse la queue lorsqu’il sautille de joie, et ne parvient même pas à faire signer un pacte à Vakoula.

Dans la fosse de l’Opéra de Francfort, Sebastian Weigle met en avant les reliefs et subtilités du puissant matériau orchestral de cet ouvrage de 1894-1895, parsemé de koliadki (noëls ukrainiens – l’un d’eux sert aussi de thème au finale du Concerto pour piano no 1 de Tchaïkovski) et de danses folkloriques. La régie de Christof Loy s’appuie sur une vision du monde panthéiste, tournée vers la nature, qui était chère à Rimski-Korsakov. La lune apparaît à intervalles réguliers comme une référence visuelle (en écho au début de l’opéra, lorsque Solokha et le Diable veulent la faire disparaître pour que les villageois ne retrouvent plus leur chemin), et la lumière évoque un négatif photographique, qui crée une distance avec tout ce remue-ménage humain – pourquoi pas, cela fonctionne.

Acrobaties et sourires

Côté plateau, casting de très haut vol: la soprano russe Julia Muzychenko allie charme piquant et aigus insolents, notamment dans un air à la gloire de sa propre beauté. La comédienne donne le change, à l’instar de Georgy Vasiliev, qui campe un Vakoula hardi, à l’énergie époustouflante. Même les acrobaties vocales, qu’il réalise suspendu

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