Le Journal du dimanche

France TVA Qui va payer pour l’audiovisuel public ?

Tu as appelé Michel ? » C’est par ces mots que fut accueilli Bruno Patino par un ancien de la maison au moment d’être nommé directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions (FTV) en janvier 2013. Michel ? Drucker, bien sûr. Car la première chose qu’un responsable des programmes doit faire en prenant son poste au sein du service public, c’est décrocher son téléphone pour appeler l’inamovible animateur. « Il faut absolument que ce soit ton premier appel et ton premier rendez-vous. Tu sais, il attend sans aucun doute ton coup de téléphone, alors ne tarde pas, sinon il va se vexer et, franchement, il ne faut pas qu’il se vexe », rapporte Patino, actuel président d’Arte, dans son livre Télévisions (Grasset). L’animateur, connu du public pour sa gentillesse, est en effet capable de sortir les griffes dès qu’il s’estime menacé. « Il peut alors être impitoyable avec ses dirigeants », écrit Patino. Et n’hésite pas à faire jouer ses nombreuses relations pour se maintenir à l’antenne année après année. C’est ainsi qu’il a pu obtenir le transfert de son émission dominicale sur France 3, alors que certains chez France Télévisions auraient souhaité le pousser vers la retraite.

Anecdotiques, ces jeux d’ego de personnalités se livrant à des guerres sans pitié autour de cases horaires disputées ? Pas tant que ça. « On ne parle pas assez de la capacité des personnalités de l’antenne à faire intervenir des gens au plus haut niveau de l’État », glisse un ancien qui a eu « des emmerdes à n’en plus finir » après avoir osé supprimer une émission d’un autre de ces enfants gâtés du petit écran. Résultat : impossible pour un dirigeant de l’audiovisuel public de modifier les programmes comme il le souhaiterait. « L’audiovisuel public, c’est une machine sous perfusion de l’État depuis des années, décrypte un grand patron de presse. Un système qui a généré un nombre d’obligés tentaculaire : entre les milliers d’employés, les producteurs qui ne vivent qu’avec les commandes du groupe, les intermittents… Lorsque vous tentez de bouger quelque chose, ils se lèvent tous contre vous. »

Le problème avec le service public audiovisuel, c’est qu’il appartient à tout le monde et que tout le monde a un avis dessus. On dit qu’il y a 60 millions de sélectionneurs de l’équipe de France… Mais il y a sans doute autant de programmateurs potentiels pour les chaînes et les radios publiques. Entre les téléspectateurs, les représentants de l’État actionnaire, les politiques, les vedettes de l’antenne, les producteurs extérieurs [CSA et désormais Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique],

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