La demande de pardon d’Emmanuel Macron aux harkis en 2021 ? Certainement lui. La reconnaissance de la responsabilité de l’armée française dans la mort du mathématicien et militant indépendantiste Maurice Audin ? Probablement lui. L’inauguration d’une stèle à Amboise en hommage à l’émir Abdelkader ? Toujours lui. On ne prête qu’aux riches. Dès qu’il est question des relations franco-algériennes, le nom de Benjamin Stora surgit. Souvent à raison. Parfois à tort. Tour à tour surnommé « historien du président », « historien du FLN » ou « historien militant », il est consulté par les uns, critiqué par les autres. Alors qu’Emmanuel Macron vient de le nommer à la tête d’une commission mixte d’historiens – composée de cinq Algériens et de cinq Français pour « réconcilier les mémoires » –, sur fond de visite, les 2 et 3 mai, du président algérien en France, enquête sur l’influence réelle d’un personnage réputé et… très politique.
Chapitre 1 Enfin président !
Cette commission mixte, c’est une première dans l’histoire franco-algérienne. Mais, à l’heure de la porter sur les fonts baptismaux, Benjamin Stora feint le détachement de celui qui ne s’intéresse pas aux honneurs. Il parle âge, fatigue, problèmes de santé. Il finit quand même par lâcher : « Si je n’y vais pas, personne ne comprendra, ce serait un désaveu. » Tous ceux qui le connaissent le savent. Il est comme ça, Benjamin Stora. Derrière sa fausse modestie, il savoure cette reconnaissance venue de l’Elysée.
Lorsque Emmanuel Macron n’en est encore qu’à rêver de présidence, lui est déjà incontournable sur l’Algérie. Il a quarante- cinq ans de carrière universitaire derrière lui, deux thèses, des dizaines de livres et plusieurs documentaires à son crédit. Les médias le sollicitent, et ses interventions publiques font un tabac. Lorsque les deux hommes