Sur quel fil repose une vie ? Ce 24 juillet 2020, Marie-Hélène Dini traîne dans son appartement de Créteil et c’est l’un de ces matins où l’on peine à se mettre en route sans savoir pourquoi. À la veille de son départ en vacances, une longue journée l’attend. À 54 ans, elle est coach professionnelle et cheffe d’entreprise : concrètement, elle accompagne dirigeants, managers et salariés à surmonter les obstacles qui se présentent au cours d’une carrière. À la tête d’une école spécialisée, elle forme même des futurs coachs.
Un coup d’œil à la montre : quarante-cinq minutes de retard. Vite, à 8 h 30, elle sort d’un pas pressé, traverse sa résidence cossue, avec un collègue au téléphone pour régler les détails de ce dernier jour de travail avant trois semaines de repos bien mérité.
Au bout de la rue, elle aperçoit un attroupement. Des policiers entourent une Clio noire. Ils sont une dizaine, l’air nerveux. Scène rare dans ce quartier des bords de Marne, d’ordinaire calme et sans histoire. Quoique : neuf mois plus tôt, Marie-Hélène Dini a été agressée au pied de son immeuble et elle y pense encore souvent. Alors elle s’approche des policiers, leur demande ce qui se passe. Pour toute réponse, les agents l’invitent à passer son chemin.
En réalité, juste avant l’arrivée de Marie-Hélène Dini, un père qui déposait son fils à la crèche a composé le 17. Il venait de voir deux types munis de cagoules et de gants à l’intérieur de la Clio. Les policiers n’ont pas tardé. Dans la voiture, ils ont trouvé un pistolet Browning GP 35 chargé de cartouches de 9 mm, et un silencieux fabriqué avec du coton et un emballage de compote. Encore plus étrange : au moment de décliner leurs identités, les deux suspects se sont présentés comme deux agents secrets des services français. Qu’on les laisse travailler, ont-ils poliment demandé. Ils étaient là en mission pour neutraliser une espionne du Mossad parachutée dans ce coin du Valde-Marne. Son nom ? Marie-Hélène Dini.
Pros et charlatans
Ainsi commence un long voyage au bout de l’absurde mêlant contrats d’assassinat, francs-maçons et faux espions. En avril 2022, deux ans après l’épisode de la Clio, un armurier du nord de la France va passer aux aveux : il a fourni l’arme qui devait éliminer « l’agente Dini ». À ce jour,