Pour plusieurs générations de Britanniques, Adrian Boult (1889-1983) incarna la Vieille Angleterre – moins d’ailleurs son impérialisme que son ordre rassurant.
Les 16 CD de musique anglaise qui ouvrent le tir voient une mono crissante étouffer l’atmosphérisme foncier de ce répertoire. Lorsqu’il entame, en janvier 1952, la première de ses deux intégrales des symphonies de Vaughan Williams,, et la pour double orchestre à cordes dont Boult livrera, toujours chez Emi, des plus aboutis. Et tandis que le chic d’Alfredo Campoli nimbe le concerto pour violon d’Elgar de reflets un brin salonnards, de Bax n’a pas le plein souffle, ni de Butterworth le mystère debussyste des versions Barbirolli (Warner). Enfin, Boult maintient les pièces d’Arnold, Holst et Walton enchâssées – cette fois à juste titre – dans une insularité tout ce qu’il y a de cosy. Les 13 CD consacrés au répertoire baroque et sacré illustrent le faste (style, effectif) avec lequel on le célébrait outre-Manche jusqu’au tournant des années 1960. Les deux versions du de Handel ont ainsi une allure folle et des solistes – Jennifer Vyvyan en 1954, Joan Sutherland en 1961 ! – mais baignent dans une componction, un rubato donnant presque à Karl Richter (1972, DG) des airs de fer de lance postmoderne. , où Joan Sutherland belcantise en toute placidité face à un Peter Pears à peine moins hors style, assume avec candeur son esthétique enrubannée. Nous avons depuis longtemps renoncé à écouter la tête froide les récitals Bach/Handel de Kirsten Flagstad et plus encore de Kathleen Ferrier, tant ils ploient sous le mythe de leurs interprètes.