BANCO DEL MUTUO SOCCORSO
Orlando : Le Forme Dell’amore
http://www.bancodelmutuosoccorso.it/
Fondé à Rome en 1969, () fait partie des trois piliers fondateurs du () aux côtés, bien sûr, de () et () qui signifie . Leur notoriété n’est pas seulement la conséquence de la longévité et du succès que ces trois formations ont connus dans leur propre pays, mais aussi parce que chacune d’elles a pu faire des percées considérables à l’étranger, ce qui n’est pas arrivé à la plupart de leurs compatriotes. Bien que fut plus discrète que les deux autres au Québec, ce groupe suscita tout. Sous la gouverne des deux frères , (claviers), son spirituel et son frère cadet (piano), la démarra sa carrière sur des chapeaux de roue en proposant trois albums qui deviendront des références absolues en soit (1972), (1972) et (1973). Comme pour tous les groupes jouissant d’une telle pérennité, la qualité de production sera inégale bien que jamais mauvaise (sauf pour l’album en anglais). Les musiciens entourant les frères furent régulièrement remplacés, jamais tous à la fois, au rythme d’un ou deux par disque, assurant ainsi une continuité musicale. Quelques-uns ont d’ailleurs connu une carrière appréciable au sein de la formation en y étant présents pendant quelques décennies. Le départ qui a probablement fait le plus mal est celui de , le chanteur d’origine, dont la voix marqua profondément l’image de Banco Del Mutuo Soccorso, qui ne tira sa révérence qu’en 1994, après l’album . L’année 2022 marque donc le cinquantième anniversaire de cette vénérable institution, ce qui n’est pas rien. Sans être énorme, le catalogue de cette formation phare italienne compte tout de même une quinzaine d’albums, en excluant les rééditions, tous étendus sur les cinq décennies. Ces faits d’arme furent suffisants pour donner l’idée à d’écrire un nouvel opus pour souligner dignement cet anniversaire plus que respectable. L’album devra cependant être spécial, à la hauteur de cette importante mission. Pari relevé ! () est un album concept qui se veut une exploration en règle des sentiments amoureux. Cette monumentale œuvre épique, divisée en quinze chapitres, nous tient en haleine pendant une heure et quart au cours de laquelle nous sommes invités à passer à travers toutes sortes d’émotions. La facture musicale, on s’en doute, est d’un raffinement rare et démontre le d’un artiste génial traînant derrière lui une carrière d’une richesse inouïe. Des variations jazzées côtoient des mélodies enlevantes de rock progressif symphonique, des effluves de claviers électrisants et des partitions de guitares incisives. L’équilibre entre les passages éthérés et les plus rapides est réussi. La voix de , sans faire oublier celle de , est à la hauteur du défi lyrique proposé. Soulignons aussi le niveau élevé des compétences des musiciens (voix, guitares), (guitares), (basse) et (batterie) qui constituent une belle brochette de virtuoses expérimentés n’ayant assurément eu aucun mal à s’impliquer avec conviction dans l’entreprise. Ainsi, Banco Del Mutuo Soccorso nous offre un album anniversaire chargé, très fouillé, légèrement indigeste au début, certes, mais toujours d’un esthétisme réjouissant et campé dans ce même esprit qu’il fait plaisir de retrouver, un demi-siècle plus tard. nous replonge-t-il dans le même univers magique que celui des albums culte du début des années 1970? Évidemment non. Ce serait utopique de croire qu’un artiste peut recréer les mêmes conditions qu’il y a 50 ans. En revanche, sans faire une croix sur ce que l’on connaît de Banco Del Mutuo Soccorso, nous serons rapidement confrontés à une relecture moderne de son environnement musical sans pour autant renier un passé mémorable.