Diapason

Corps et âme

toile filante au firmament des plus grands interprètes du XX siècle, Jacqueline du Pré a connu un destin fulgurant, cruellement interrompu par la maladie en 1987. Née quarante-deux ans plus tôt à Oxford d’une mère pianiste et d’un père originaire de Jersey (d’où la consonance française de son patronyme), elle devient ») et jusqu’en 1972 ( de Tchaïkovski), en ajoutant des bandes de la BBC déjà connues (dont les et de Bach en 1961), un de Brahms inédit (avec Barenboim et De Peyer à la clarinette), et une édition enfin correcte du de Strauss avec Boult. A quoi attribuer cette musicalité, électrisante et apparemment instinctive ? A l’enseignement de William Pleeth allaient en effet se superposer ceux de Paul Tortelier à Paris et de Mstislav Rostropovich à Moscou (soufflé par son de Schumann), mais aussi les conseils de Pablo Casals (précieux pour l’ de Saint-Saëns). Du Pré est une interprète ouvertement romantique, assumant les innovations apportées à la technique de son instrument par de tels maîtres. Elle complète le tout par une note profondément personnelle, un engagement intense. Grande, élancée, elle utilise le mouvement du corps et la pleine longueur de l’archet, investissant tout son être mental et physique dans chaque oeuvre, jouée comme si sa vie en dépendait. La musicienne se révèle à la fois une chambriste de haut vol et une soliste dont l’éloquence très incarnée n’a pas fini de nous bouleverser. Outre la passionnante intégrale des sonates, variations et trios de Beethoven avec Barenboim et Zukerman, citons quelques sommets : le d’Elgar avec Barbirolli et le LSO (1965, miracle d’inventivité et d’intégrité), les et de Beethoven en compagnie de Stephen Kovacevich (1965, fabuleuses de naturel, de rigueur dynamique, de richesse expressive), enfin les concertos de Schumann et de Saint-Saëns avec Barenboim et le New Philharmonia (1968), idéaux de transparence et de lumière, et où la soliste ose un legato et des portamentos d’une phénoménale beauté. Monumentales d’intuition et de liberté rythmiques, les et de Brahms avec Barenboim (1968) sont un autre miracle de profondeur et d’engagement.

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