Dès ses débuts en 1969, lors du Festival de Marlboro, le New Cleveland Quartet est salué comme un ensemble d’une qualité exceptionnelle. Donald Weilerstein, violoniste et professeur au Cleveland Institute, y a réuni autour de lui le violoniste Peter Salaff, le violoncelliste Paul Katz et son épouse l’altiste Martha Strongin Katz – la notice du coffret renferme un passionnant entretien (en anglais) avec eux tous. En 1971, la formation supprime le « New » de son nom en quittant Cleveland pour s’installer à Buffalo, où elle succède au Quatuor de Budapest à l’Université d’Etat de New York. Cinq ans plus tard, elle se fixe à l’Eastman School of Music de Rochester. Dès lors, avec un effectif seulement modifié en 1980 par l’arrivée de l’altiste Atar Arad, le Cleveland Quartet acquiert le statut d’un des plus prodigieux quatuors américains du XXe siècle. Entre 1972 et 1987, il enregistre exclusivement pour RCA et c’est au sommet de sa gloire, en 1995, qu’il met un terme à sa carrière.
Hors norme
Son premier disque, en 1972 – un double LP réunissant les trois quatuors à cordes de Brahms –, se révèle une pure merveille. Aujourd’hui encore, force est de constater qu’aucune autre formation, à l’exception peut-être des Alban Berg dans leur deuxième version (Warner), n’a pu véritablement rivaliser avec la pureté du style et la beauté de cette intégrale. Supérieurement énergiques et virtuoses, ces interprétations irradient une lumière chaude et douce et pénètrent au cœur des œuvres.
Chez Brahms, les Cleveland marient sont transcendés par une vitalité, une transparence et une flexibilité rythmique hors norme.