Pourquoi s’enfoncer sous terre…
L’art des grottes fascine. Non seulement parce qu’il est spectaculaire – une caverne étant le milieu conservatoire par excellence – mais aussi parce qu’il interpelle : pourquoi aller graver et dessiner dans l’obscurité de cavernes profondes quand on peut si facilement faire la même chose à l’extérieur ? “Cette pratique qui consiste à s’enfoncer dans des grottes pour y produire des images est pour moi une véritable énigme, car elle suppose une préméditation, probablement plusieurs jours à l’avance”, déclare Jean-Loïc Le Quellec, anthropologue et préhistorien, directeur de recherche émérite au CNRS.
Toute une préparation en amont est en effet nécessaire : il faut bien sûr dénicher les pigments, préparer la peinture et le matériel, mais aussi l’éclairage, indispensable pour y voir et pour ressortir ! Il faut ensuite s’enfoncer jusqu’aux tréfonds des cavernes sur des dizaines voire des centaines de mètres – les peintures de la grotte Chauvet se situent à 300 m de l’entrée. Or “progresser dans une grotte n’est pas sans danger, rappelle Jean-Loïc Le Quellec. Il peut y avoir des gouffres, des endroits glissants, des chatières à passer…”
Dans la grotte du Tuc d’Audoubert, en Ariège, ornée il y a 14 000 ans,, souligne Carole Fritz, archéologue spécialiste d’art préhistorique et directrice de recherche au CNRS.