Un champignon arrive… et les cas de paludisme explosent !
Voilà une étude qui fera date : au Costa Rica et au Panama, des chercheurs ont établi un lien entre le déclin des populations d’amphibiens et… la hausse des cas de paludisme chez l’humain. Publiée fin octobre dernier, cette étude est la première à établir de façon aussi étayée une corrélation entre le recul d’une espèce animale et la propagation d’une maladie humaine. À l’origine de cet effet domino : un champignon tueur d’amphibiens, Batrachochytrium dendrobatidis (Bd). Ce redoutable pathogène bloque le système respiratoire des grenouilles et des salamandres, les décimant à un rythme alarmant partout dans le monde : on lui attribue déjà le déclin de 400 espèces d’amphibiens et la disparition de 90 autres. Arrivé en Amérique centrale dans les années 1980, il est depuis scrupuleusement suivi par les autorités locales.
Ces analyses précieuses, les scientifiques ont pu les croiser avec le recensement raconte Karen Lips, professeure de biologie dans le Maryland, qui a participé à l’étude. Le résultat est sans équivoque : après la première hécatombe d’amphibiens, les deux pays observent des pics de cas de paludisme pendant environ 6 ans – jusqu’à 70 fois plus de cas au Costa Rica. Le vecteur de cette propagation semble tout trouvé : les moustiques. Sans grenouilles pour les gober par centaines, ces insectes ont pu proliférer et diffuser la maladie dans la population humaine.