I ls sont partout. Ils trottinent dans nos rues, folâtrent dans nos jardins, sillonnent nos campagnes, fouillent nos poubelles, somnolent sur nos canapés et prennent leurs aises jusque dans nos lits. Plus de 400 millions de chats ont investi la planète. Il n’y a guère que l’Antarctique et ses îles où le chat demeure animal non grata. Minet a su faire valoir ses qualités auprès de la communauté des humains et se rendre indispensable au point d’établir avec eux une relation quasi symbiotique. Tueur de rongeurs silencieux et efficace, exterminateur de serpents, scorpions et autre vermine, sans être lui-même dangereux, il s’est fait une place au soleil à coups de griffes et de dents. Reste à savoir par quels moyens et par quels chemins ce petit félin plus ou moins apprivoisé est parvenu à quitter les villages moyen-orientaux du néolithique pour conquérir le monde.
TRAFIC MÉDITERRANÉEN
Grâce au développement de la paléogénétique qui conjugue archéologie et génétique, on sait qu’une première vague de domestication en provenance du Croissant fertile gagne l’Europe il y a 5 ou 6 000 ans (voir p. 26-31). Ces premiers chats domestiques portent la signature génétique d’une variante dite « anatolienne» du chat sauvage moyen-oriental Felis silvestris lybica. Puis les gènes nous racontent qu’aux alentours de 1500 av. J.-C., une seconde lignée composée de chats d’une variante égyptienne se diffuse à travers le bassin méditerranéen.
Mais c’est l’Égypte des pharaons (voir p. 38-41) qui a bel et bien joué un rôle primordial dans la diffusion des chats à travers le monde. Est-ce dans ce expliquent Eva-Maria Geigl et Thierry Grange, chercheurs spécialistes de paléogénétique à l’Institut Jacques Monod. »