On l’a surnommée « Bloody Mary ». Maria Lvova-Belova organise le transfert en Russie d’enfants et d’adolescents. Pour y être adoptés de force
Vêtue de robes à fleurs, les bras chargés de peluches, elle visite les orphelinats comme on fait ses courses
Svetlana pensait envoyer ses deux filles en colo en Crimée. Impossible de les faire revenir
À Kherson, les barges militaires russes évacuent leur matériel en même temps que les enfants, transformés en boucliers humains
Les poussettes ont été abandonnées dans l’arrière-cour envahie de feuilles mortes. Par la fenêtre du bâtiment cadenassé, on distingue des tables à langer et des rangées de petits lits désertés. Aucune trace des 58 pensionnaires, âgés de 0 à 4 ans, qui vivaient dans cette pouponnière du centre-ville de Kherson. « On était habitués à les entendre rire et pleurer. Du jour au lendemain, un profond silence s’est installé dans le quartier », témoigne une voisine visiblement émue. D’abord réticente, la femme finit par raconter la rafle qui s’est déroulée sous ses fenêtres le 2 novembre dernier, quelques jours avant le retrait des troupes russes.
Vers 10 heures, un blindé et un pick-up ont encerclé l’orphelinat. Une douzaine de soldats, cagoulés et équipés de fusils d’assaut, se sont engouffrés à l’intérieur tandis que trois bus, rideaux tirés, stationnaient à l’entrée. « En moins d’une heure, tous les enfants ont été embarqués », souffle-t-elle au bord des larmes. Les véhicules ont ensuite franchi le fleuve Dniepr à bord de chalands convoyant des