EN 2009, ALORS QU’AVATAR générait plus de 2,7 milliards de dollars de recettes, le réalisateur James Cameron a identifié l’endroit le plus profond de l’océan et y a plongé. Lorsqu’il a atteint le fond de la fosse des Mariannes au sud-ouest de la côte de Guam, en mars 2012, il est devenu la première personne de l’histoire à descendre en solitaire à 11 000 mètres de profondeur. D’autres l’ont depuis imité, à commencer par un magnat de la finance devenu explorateur des abysses, Victor Vescovo (voir GQ France n°144 d’octobre 2020). Mais James Cameron n’en démord pas: aucun ne l’a surpassé. Le cinéaste estime que Vescovo “raconte qu’il a plongé encore plus profond alors que c’est impossible. Ce type raconte juste des conneries.” L’intéressé me confie avec diplomatie avoir adopté “une autre approche scientifique” de son concurrent, tout en admettant être fan de ses films.
Voilà qui en dit long sur les talents du Canadien: même ses rivaux attitrés reconnaissent qu’il a écrit et réalisé parmi les plus grands succès de l’histoire du cinéma. Il est le père du film d’action moderne, un genre dont il a tracé les contours avec son deuxième long-métrage, Terminator, avant de le réinventer dans Aliens, le retour. On lui doit également deux des trois films les plus rentables de l’histoire avec Avatar en première position et en troisième. Mais c’est aussi un scientifique (une des caméras qu’il a aidé à concevoir a servi de modèle à celle qui équipe le rover envoyé sur Mars) doublé d’un vrai aventurier, bien loin des milliardaires dilettantes à la JeffBezos. Quand James Cameron se fixe un objectif, il le concrétise. “Ce type est né avec les instincts et les qualités d’un explorateur”, affirme Daniel Goldin, ancien administrateur de la Nasa. Même s’il a tout de l’homme qui cherche par principe des problèmes à résoudre ou des expériences extrêmes auxquelles survivre, les défis qu’il relève ont toujours un but. “Je refuse de faire des choses dangereuses où le facteur hasard est trop important. Le rafting en eau vive, par exemple, très peu pour moi.”