Ce que Gainsbourg avait en tête, je ne l’ai deviné que bien des années plus tard. Sur le moment, il y a trente ans, je suis seulement abasourdie. Intriguée par ce rébus énigmatique. La pièce pavée de marbre noir à cabochons déborde d’objets. Des meubles, des instruments de musique, des bibelots, des photos. Le box de stockage d’un antiquaire du quartier.
La première chose que je distingue derrière l’épaule de l’homme qui a ouvert la porte, c’est une photo grandeur nature de Brigitte Bardot, sur le mur du fond. Basse de plafond, éclairée par endroits seulement, les volets clos, la pièce en longueur est sombre. Autour de nous il y a tant d’objets qu’on ne sait où poser le regard. Envoûtée, je ne parviens plus à réfléchir. Je m’approche de la photo en slalomant entre des meubles retors, prêts à faire des croche-pieds. Datant de 1967, le tirage de Sam Levin perd ses couleurs. Sur une toile de fond bleue, Bardot replie ses bras sur ses seins nus, vêtue seulement d’un pantalon taille basse. Le corps de profil, elle tourne vers l’objectif un regard noir. Suspendu au tirage, le collier en métal doré porté par BB pour chanter Comic Strip dans le Show Bardot de 1967 produit par Gainsbourg.
Par où commencer ? Tous les objets parlent en même temps, une vraie cacophonie. Comment décrypter un tel désordre ? rectifie avec douceur l’homme qui m’accueille, m’invitant à m’asseoir dans le salon. Avec ses accoudoirs en forme d’aigles, le siège