A Dampmart (Seine-et-Marne), le 20 novembre
A 24 ans, il devient enquêteur de personnalité. “Moi qui voulais être écrivain, je me suis retrouvé à écrire cinq rapports par mois d’une dizaine de pages. Je retraçais des vies réelles, plus fortes que la fiction et souvent pires!”, explique Alexis qui a adapté son histoire comme on dit dans le jargon, pouvait être accusé de meurtre, viol et, dans le meilleur des cas, de trafic, ce qui était plus reposant! Sans véritable formation, je me suis retrouvé en prison à discuter gentiment avec un homme âgé accusé d’inceste, explique Alexis, 24 ans à l’époque. L’essentiel était de ne pas juger, de ne pas aborder les faits, d’être dans l’écoute. Je me suis surpris à être capable de laisser de côté ce qui m’écœurait, capable même parfois d’empathie. Pas de sympathie. Tous les parcours sont chaotiques, avec des failles éducatives, de la violence, de la misère, beaucoup de souffrance…” Pourtant, Alexis est quelquefois choqué par ce qu’il entend: “On oriente les questions selon les faits: le train de vie s’il s’agit d’escroquerie ou vol; la sexualité s’il s’agit d’une agression sexuelle ou d’un viol. Et à ce sujet… certains étaient intarissables.” A côté des bavards, il y a ceux qui répondent “oui-non”, cauchemar de l’enquêteur. La rencontre est complétée par les investigations téléphoniques. “Les premiers numéros, ce sont les MEC qui les donnent. Certains n’ont plus aucun contact, d’autres cinquante amis, relations, parents. On trie. A moi de retrouver les employeurs par les caisses de retraite, les établissements scolaires pour les plus jeunes, tout ce qui peut éclairer sur leur comportement.”