À Platées en -479, Athènes et Sparte avaient écarté de concert la menace perse de Grèce continentale. Et pourtant, moins d’un demi-siècle plus tard, les deux championnes se retrouvent engagées l’une contre l’autre dans une lutte à mort, la guerre du Péloponnèse (-431 à -404). L’antagonisme était sans doute inévitable, placées comme elles l’étaient à la tête de deux blocs de nature très différente. Athènes entraîne derrière elle la ligue de Délos aux orientations impérialistes et maritimes; Sparte domine l’autre coalition, la ligue du Péloponnèse, dont les ambitions sont continentales.
Les quinze premières années du conflit débouchent sur une impasse: aucun des deux blocs ne sait comment l’emporter. Athènes s’est transformée en une forteresse imprenable par voie de terre. À l’abri des Longs Murs qui la relient au port du Pirée et à Phalère, elle reste insensible aux sièges grâce aux 300 trières qui lui assurent la maîtrise de la mer. Elle fait le choix d’abandonner l’Attique, son arrièrepays, aux Spartiates pour aller les frapper sur leurs arrières par les raids de sa flotte. Les Spartiates, eux, envoient leurs hoplites, imbattables en bataille rangée, ravager l’Attique chaque année et soutiennent systématiquement les membres de la ligue de Délos qui affichent des velléités de défection. Mais ni les raids athéniens sur les côtes du Péloponnèse ni les ravages de Sparte en Attique ne touchent au cœur de la puissance adverse. L’un des deux adversaires doit changer de stratégie.
Issue de secours sicilienne
Athènes est écartelée entre deux manières d’envisager la suite du conflit. Nicias est partisan d’une guerre de faible intensité alors que Cléon prône une guerre agressive et totale. La mort de ce dernier permet de