En France, par manque de personnel, les hôpitaux pratiquent avec nos enfants une « médecine de guerre »
On trie, on dispatche, éventuellement on évacue… et de plus en plus loin
À l’urgence médicale s’ajoute une autre calamité : le manque de places. D’où un sinistre jeu de chaises musicales d’une ville à l’autre. Débordés, les médecins sont obligés de perdre un temps précieux au téléphone pour tenter de trouver des lits à leurs jeunes patients. Ensuite, une équipe d’urgentistes devra foncer en hélicoptère, parcourant parfois plus de 300 kilomètres. À bord, deux pilotes, un médecin et un infirmier, mais pas de place pour les parents. En octobre, une trentaine de transferts ont eu lieu pour la seule Île-de-France.
À Bicêtre, juste avant d’entrer au bloc opératoire, l’intervention est décalée de trois mois. La mère lutte pour ne pas s’effondrer devant son fils de 4 ans
Par Anne Jouan
La chirurgienne s’est assise sur le lit du petit garçon. C’était il y a deux semaines. Elle avait une mauvaise nouvelle à lui annoncer : contrairement aux prévisions, il ne descendra pas au bloc. Le blondinet de 4 ans, arrivé la veille avec ses parents, avait fait le chemin depuis la Bretagne jusqu’à l’hôpital Bicêtre, dans le Val-de-Marne, un des rares établissements en France capables de prendre en charge sa pathologie. « Il était à jeun depuis douze heures, allongé dans son pyjama de bloc