Diapason

Beethoven Sonate pour piano no 31

Esquissée en même temps que sa précédente sonate pour piano (Opus 109), contemporaine du Sanctus et du Benedictus de la Missa so lemnis, la Sonate op. 110 est achevée le 25 décembre 1821. Elle est publiée l’année suivante, sans dédicace, mais Beethoven précise dans un billet du 18 février 1822 à Schindler qu’il souhaite la dédier à Antonia von Brentano, ce dont l’éditeur Schlesinger ne tiendra pas compte. Témoignant à l’évidence d’une expérience spirituelle élevée, l’avant-dernière et la plus émouvante des trente-deux sonates pour piano de Beethoven est à la fois la plus profondément unifiée – les mêmes motifs reviennent tout au long de l’œuvre – et la plus disparate quant au caractère de chacun de ses trois mouvements. Le compositeur y balaie d’un revers de main les principes formels hérités du style classique, qui étaient encore présents, rendus méconnaissables par leur exacerbation, dans la Sonate « Hammerklavier » op. 106.

Retour à la vie

Beethoven invente donc une forme inédite soumise à ses seuls desseins expressifs, préfiguration en quelque sorte du schumannien. La structure extérieure tripartite en bémol majeur ne doit pas égarer: tout le poids expressif de l’œuvre tend en réalité à se concentrer dans son finale, où le compositeur, comme il le fera un peu plus tard dans son , met en scène le passage de la souffrance à la guérison. Le premier mouvement, , est une forme sonate traitée avec désinvolture – et pourtant c’est sans doute la plus belle que nous laisse Beethoven dans le genre chantant et lyrique. Tenant lieu de scherzo et doté d’un trio défiant toute logique pianistique, le apparaît rude, sombre, voire inutilement violent, même si le mystère point parfois derrière le burlesque. Tout cela ne fait que préluder au vaste envol de l’imagination qu’offre le dernier volet, véritable cœur du drame, qui combine en une construction aussi libre que complexe récitatif, arioso et fugue. Une fugue lyrique, dont la douceur affirmée du sujet n’empêche pas une grande force expressive et beaucoup de puissance sonore.

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