Il suffit de 280 caractères pour enflammer la Toile. En pianotant sur le clavier de son compte Twitter dans l’avion qui le ramène de Doha à Paris ce 18 octobre, Patrick Pouyanné ne se doute pas du retour de boomerang qu’il s’apprête à subir. Au contraire d’Elon Musk, le PDG de TotalEnergies n’est pas un compulsif du réseau social à l’oiseau bleu. Il tweete peu. Mais son entourage le concède : il y passe de plus en plus de temps, attentif à ce qui s’y dit. Et si ses équipes de communication lui proposent des tournures de phrases ou des idées, c’est bien lui qui rédige. Ce mardi 18 octobre, Patrick Pouyanné prend la parole. « Fatigué » qu’on épingle à tout bout de champ l’augmentation de 52 % de son salaire en 2021, il s’explique. Cette hausse succède à une baisse « volontaire » en 2020 lors du Covid. Et sa paye – 5,94 millions d’euros soit 500 000 euros par mois environ –, est « constante » depuis 2017. Cette rémunération, à l’entendre, est bien moins élevée que celle des « autres majors européennes et américaines ».
Quelques heures plus tôt, en évoquant le sujet auprès de L’Express, l’intéressé jugeait cette polémique « folle ». « Ma rémunération n’a pas bougé pendant cinq ans (sauf à la baisse pendant le Covid avant de retrouver en 2021 le niveau d’avant Covid). Certains prennent un fait et le présentent à l’envers à l’appui d’un discours politique. C’est de la mauvaise foi », défendait alors Patrick Pouyanné, ajoutant néanmoins ne pas avoir envie d’« intervenir à ce propos dans le débat public », de jeter de l’huile sur le feu… Avant de décocher son fameux message, donc, déclenchant une avalanche de commentaires violents, ironiques et critiques à son encontre. Un « bad buzz » d’une intensité rare, et une leçon de communication 2.0 pour le patron de TotalEnergies. Il y a des vérités qu’il vaut mieux taire. Non pour leur contenu, mais en raison du contexte dans lequel elles sont énoncées. Ce contexte, c’est la Cocotte- Minute sociale hexagonale, prête à exploser. Des Français qui enchaînent les jours de galère à la pompe. S’entendent dire que l’hiver sera plus tendu que jamais et qu’ils doivent réduire leur consommation de gaz et d’électricité. Les plus précaires, eux, subissant déjà les affres de l’inflation. L’évocation d’un salaire mensuel à six chiffres pouvait-elle avoir un autre effet qu’une allumette sur un baril de poudre ?
Il serait pourtant réducteur de voir dans ces récriminations un nouvel épisode du procès en déconnexion des élites ou celui des hauts salaires des patrons du CAC 40. Il y avait sur la Toile bien d’autres accents dans les reproches faits au patron du