À Berlin, nous l’avions quittée peu de temps après la fermeture du bordel où, pendant deux ans, elle avait officié. Sensation littéraire de la rentrée 2019, La Maison (Flammarion) faisait d’Emma Becker un objet féminin non identifié : écrivaine, prostituée, mère, amante et véritable phénomène d’édition, autant de visages ponctués d’un regard bleu et d’une plume beaucoup moins douce, dont elle usait pour « examiner [s] on sexe sous un microscope ». Il était question de femmes et d’hommes, de désir et de misère affective, de nudité et d’émotion, de violence et de tendresse. D’une écrivaine également, qui avait peu à peu laissé place à la pute avant de transformer son expérience en matériau littéraire.
De sexe, de maternité et d’écriture, il est également question dans, son quatrième roman, composé écrit celle qui a vu naître son livre dans l’insatisfaction et la colère, entre Paris et Berlin, où elle vivait toujours. À 27 ans, sa narratrice (double transparent d’elle-même) devient mère, se sent incapable pour autant de renoncer : la séduction et les hommes, les Jon, Cody, Vincent, Gaspard et les autres auprès desquels elle cherche le grand frisson que le père de son fils ne lui permet plus d’éprouver. nous confie l’écrivaine.