Au e début du XX siècle, on a pris l’habitude d’appeler « Sénégalais » toutes les troupes de couleur venues d’Afrique, en référence au recrutement des bataillons de tirailleurs sénégalais qui ont été les premiers à bénéficier des mesures de recrutement régulier au sein de l’armée française en 1857. Initiée par le colonel Faidherbe sur la base d’expériences plus anciennes, cette volonté de recruter des troupes locales tient à la difficulté de l’armée française de disposer de troupes non seulement acculturées aux territoires africains, mais surtout « acclimatées », c’est-à-dire capables de supporter la chaleur et l’humidité tropicale. Dès l’origine, ces hommes viennent de multiples provenances. Il peut s’agir d’anciens esclaves libérés et rachetés au titre de l’engagement, de prisonniers de guerre incorporés, de porteurs qui décident de changer de fonction sur avis du commandement, ou, enfin, du vrai choix d’une carrière de soldat de métier.
Vétéran de la conquête de l’Algérie, Louis Faidherbe (1818-1889) est affecté au Sénégal en 1852 dont il devient gouverneur fin 1854. Il mène campagne pour agrandir la colonie et crée en 1857 le corps des tirailleurs sénégalais. Pendant la guerre de 1870-71, il commande l’armée du Nord.
Un revenu qui rassure
Le recrutement des premiers temps s’apparente plus à de la coercition qu’à un choix délibéré, mais des évolutions apparaissent à mesure que les hommes apprennent qu’ils sont engagés contre un salaire mensuel. Il ne faut pas oublier que la disette voire la famine menace souvent et que l’assurance d’un revenu régulier explique la plupart des engagements. Ces derniers étant considérés comme un moment clé de la prise de décision,