E.B. POTTER, CH. W. NIMITZ (DIR.)
Payot, 1962 (édition originale: The Great Sea War : The Story of Naval Action in World War II, 1960)
Après 1945, la « Collection de mémoires, études et documents pour servir à l’histoire de la guerre » représente le éditorial en langue française en matière d’histoire militaire contemporaine. Fruit des efforts de l’éditeur suisse Payot, cette collection d’ouvrages consacrés à la Seconde Guerre mondiale prend la suite d’une première vague de publications, avant 1939, consacrée à la Grande Guerre. Comme sa devancière, la nouvelle collection entend mêler textes originaux, généralement signés par des officiers des services historiques des armées, voire des vétérans du « 2 bureau » ou présentés comme tels. fait partie de la dernière catégorie abordée par la collection: la traduction d’ouvrages étrangers de référence. Paru en 1960 à New York, l’ouvrage entend faire en un seul volume l’histoire navale de la Seconde Guerre mondiale. Codirigé par l’amiral Chester William Nimitz – ancien patron de la flotte américaine du Pacifique et à ce titre principal vainqueur du Japon en 1945 – et le grand historien naval américain Elmer Belmont Potter, pilier de l’enseignement de l’histoire maritime à l’Académie navale d’Annapolis où il officie de 1941 à 1977, est en réalité le deuxième livre d’une série de trois, après une histoire générale de la puissance maritime et navale (, également paru en 1960 en anglais) et avant une plongée plus détaillée sur la grande affaire de l’US Navy, la lutte aéronavale dans le Pacifique contre le Japon (, publié en 1963). Aujourd’hui datée, cette synthèse vaut moins pour son exactitude que par le récit qu’elle développe, véritable doctrine. La guerre a commencé et s’est terminée sur mer; ce qui s’est joué sur « l’océan planétaire » a été décisif pour la victoire des Alliés; c’est non seulement la supériorité industrielle et technologique, mais aussi la capacité d’adaptation et d’innovation de ceux-ci, qui firent la différence contre l’Axe; à l’inverse, leur incapacité à accorder à la puissance maritime les moyens ou la priorité nécessaire a condamné les puissances de l’Axe à la défaite. Elle vaut aussi pour le discours politique qu’elle entend promouvoir, en pleine guerre froide, en rappelant qu’au-delà de la comparaison des forces terrestres, qui fait la part belle à l’Armée rouge en particulier dans la défaite du III Reich, l’effort de guerre du « monde de langue anglaise » a été tout autant, sinon plus décisif. Quant aux 37 cartes – certes pas bien grandes – qui illustrent les principales batailles, elles laissent encore aujourd’hui rêveur au vu de la pauvreté en la matière de nombre d’ouvrages récents.