Nous sommes au début du IVe siècle av. J.-C. En Italie centrale, la puissance de Rome s’impose peu à peu. Et pourtant, c’est dans ce contexte prospère que survient l’un des plus graves revers subis par les Romains dans leur histoire: la prise de leur ville par une armée gauloise, venue du nord de l’Italie. L’événement, qui aurait conduit à une occupation de la cité par l’ennemi pendant plusieurs mois, marque durablement la mémoire des Romains, au point d’être présenté comme un affront par les auteurs antiques. En effet, l’on croyait que c’était la seule et unique fois que Rome avait été capturée par l’ennemi dans son histoire avant le sac d’Alaric, en 410 de notre ère (voir G&H no 45, p. 64). Pourtant, bien qu’elle semble en apparence bien documentée, la prise de Rome par les Gaulois vers 390 reste une énigme. Les récits antiques que l’on conserve ont reconstruit l’événement en entremêlant des informations historiques et fictionnelles, si bien que le déroulement de l’épisode a été complètement masqué par un vernis légendaire.
Un drame absolu
Plusieurs de ces récits nous permettent de connaître le déroulement supposé de l’événement. Les plus anciens d’entre eux ont été écrits par Polybe, Diodore de Sicile et Tite-Live (). Ces trois textes ont pour point commun d’avoir été rédigés plusieurs siècles après les faits, de sorte que nous ne disposons pas du témoignage des acteurs romains ou gaulois du sac de Rome. Tous les récits prennent en tout cas le parti des premiers et décrivent l’épisode comme un drame absolu, comme une profanation de
