c’est feuilleter des numéros anciens: les pages ont jauni, le graphisme et l’iconographie sont désuets, mais la parole recueillie n’a rien perdu de sa force malgré la traversée de plusieurs décennies. Tout au long du combat des femmes pour le droit à disposer de leur corps, des milliers de lectrices ont témoigné dans nos pages. Les lire, c’est les entendre et prendre de plein fouet la souffrance, le désespoir, la colère mais aussi le soulagement de ces anonymes qui, faute d’accès à la contraception, sont tombées enceintes et ont dû risquer leur peau chez des « faiseuses d’ange», ou se sont « débrouillées», abandonnées à la plus grande solitude: , Celle qui, la première, recueille leur parole alors que l’avortement, interdit et tabou, est un crime passible de la cour d’assises, est une journaliste star: Marcelle Auclair. Cofondatrice de avec Jean Prouvost en 1937, cette fervente catholique, auteure d’une biographie de sainte Thérèse d’Avila, va faire de notre magazine le premier féminin à traiter du contrôle des naissances. En 1956, la gynécologue Marie-Andrée Lagroua WeillHallé fonde, avec la sociologue Évelyne Sullerot, La Maternité Heureuse pour Elles posent les premières fondations du planning familial. Au même moment, le journaliste Jacques Derogy, proche de la Dre Lagroua Weill-Hallé, publie dans l’enquête « Des enfants malgré nous» sur la question de l’avortement. C’est dans ce contexte que notre éditorialiste, mère de trois enfants qui a découvert les centres de planning familial à Londres comme elle le raconte dans , s’empare du combat pour le contrôle des naissances, seul rempart aux avortements clandestins. Elle possède une arme puissante: la parole leur demande, en novembre 1960, : décrire les cas d’avortements dont elles auraient eu connaissance. Elle est loin d’imaginer ce qu’elle va déclencher.
Soixante ans d’engagement en faveur de l’IVG
Oct 06, 2022
9 minutes
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