Munch au-delà du « Cri »
UN HOMME et une femme s’abandonnent dans les bras l’un de l’autre. Le couple s’isole de l’arrière-plan, une fenêtre occultée par des rideaux tressaillant face à l’intensité de la scène qui se joue. Les visages se dissolvent en une seule masse indistincte ; les yeux, les nez et les bouches ont disparu. Avec Le Baiser (1897), Edvard Munch (on prononce « mounk ») s’éloigne de l’anecdote pour représenter l’instant fusionnel qui efface le monde alentour. La passion devient dévorante un peu plus loin avec Vampire (1895), figurant une créature dont les longs cheveux roux tombent en cascade sur ses épaules, penchée sur la nuque de sa proie, pour absorber sa force vitale.
Le sentiment amoureux dans tous ses états n’a cessé d’inspirer le peintre norvégien, qui a répété le motif à l’infini au cours de sa trajectoire mouvementée. Une introduction sublime à la rétrospective du musée d’Orsay, qui balaie soixante ans d’une création cohérente, obsessionnelle et bouleversante. raconte Claire Bernardi, directrice du musée de l’Orangerie, qui assure ici le commissariat.