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En 1958, l’élection de Charles de Gaulle à la présidence de la République conduit à un changement majeur du rôle de la France dans la guerre froide. S’il soutient le bloc de l’Ouest contre le bloc soviétique, le général ne veut pas d’une hégémonie américaine. En 1966, il prend formellement ses distances et quitte les instances militaires de l’OTAN. Afin que la France puisse, tout en faisant partie de l’alliance Atlantique, assumer elle-même et de manière indépendante sa défense, de Gaulle la pousse sur le chemin de l’arme nucléaire. Cette volonté se concrétise en 1960 pour la bombe A et en 1968 pour la bombe H.
Dès 1950, les Américains développent des systèmes d’armes nucléaires tactiques, c’est-à-dire conçus pour frapper les forces de l’ennemi sur le champ de bataille ainsi que ses infrastructures militaires. Dans cet arsenal figure le Honest John, grosse roquette sol-sol entrée en service en 1953. Cet engin non guidé d’une portée de 48 km est acquis en 1959 par la France dans le cadre de l’OTAN – les têtes nucléaires restant propriété américaine – pour ses unités d’artillerie nucléaire tactique stationnées en Allemagne de l’Ouest. Après son retrait des instances militaires de l’OTAN en 1966, la France, privée de ces têtes, ne dispose donc plus d’artillerie nucléaire. Toutefois, des études avaient été lancées dès 1960 pour mettre au point un engin destiné à remplacer et à améliorer les performances du Honest John, et, en 1963, le Conseil de Défense décide de la réalisation d’une arme nucléaire tactique.
Un successeur pour le Honest John
En 1964, la délégation ministérielle pour l’Armement (DMA, future direction générale de l’Armement) sollicite concurremment Nord-Aviation et Sud-Aviation pour un avant-projet de missile de. Finalisée en 1967, sa fiche programme définit ses principales caractéristiques techniques et militaires: un missile supersonique à tête nucléaire, d’une portée de 20 à 120 km, tiré à partir d’un véhicule chenillé dérivé du châssis du char AMX-30 de dépannage.