Vogue Paris

Les grands événements culturels de la rentrée

l’auteure: VIRGINIE DESPENTES

e n’est pas la première fois qu’elle parle d’amitié. C’est même le fil rouge de son corpus littéraire et cinématographique. Elle se manifeste dans , ou dans la trilogie dont le dernier volume est paru en 2017. À l’heure des réseaux sociaux, cette tribu de guingois évoluant autour du antihéros a même fait l’objet d’une adaptation en série pour Canal+, d’une bande dessinée signée Luz et d’un impressionnant spectacle, récemment présenté au théâtre de l’Odéon. Mais, si elle est désormais une écrivaine dite à succès, Virginie Despentes n’oublie pas ce qui façonne son écriture: la soif de liberté et d’indépendance, une rage de vivre couplée à l’amour des autres – peu importe le sexe, l’âge, la couleur de peau – dont l’amitié fait irrémédiablement partie. Ainsi, dans son nouveau livre, elle croise encore le destin de plusieurs personnages a priori aux antipodes. Il y a Rebecca, une actrice ayant dépassé la cinquantaine, et on sait ce que cela peut vouloir dire dans une société adepte d’un jeunisme maladif. Il y a Oscar, 43 ans, un écrivain féru de rap. Tous deux ont en commun d’être des transfuges de classe pris dans la tourmente consentie des substances. Et puis, il y a Zoé, 30 ans, féministe activiste qui accorde beaucoup trop de temps aux réseaux sociaux… Ces troislà vont n’a rien d’une longue tribune littéraire comme celle livrée par Despentes au lendemain des César 2020: . D’autant plus qu’elle choisit ici le format épistolaire. Quoi de plus beau que de s’écrire en 2022? Documentant ce que sont les tréfonds et le passé des êtres humains, le langage écrit est précieux. L’auteure le sait. Elle vient d’ailleurs de fonder, avec la photographe et vidéaste Axelle Le Dauphin, la maison d’édition La Légende, dont les premiers ouvrages devraient voir le jour d’ici la fin de l’année. Il s’agit de “promouvoir la représentation et la visibilité de la culture queer et féministe”. La Légende s’inscrit dans la lignée de son travail pour faire reconnaître le droit des femmes, et dont le point d’orgue a été le cultissime et nécessaire , paru en 2007. Il résonne toujours si fort aujourd’hui qu’il devrait être étudié au lycée. En attendant que la société évolue, Virginie Despentes, elle, ne change pas. Et raconte, avec , comment les interactions sociales, aussi décevantes, toxiques et déstabilisantes puissent-elles être, sont aussi capables de donner naissance à une amitié salvatrice. (SR)

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