La fracture inaugurale
LES SURVIVANTS TERRORISÉS NOMMENT TATARS CES DÉMONS QUE RIEN NE SEMBLE POUVOIR ARRÊTER
Fin 1236, un vent dévastateur venu du fond de la steppe balaye les terres de la Rous. Des dizaines de milliers de cavaliers rivés à leur monture, archers redoutables et infatigables centaures, déferlent à l’ouest de la Volga, anéantissent en moins d’un an guerriers bulgares, nomades coumans et alains avant de faire tomber l’une après l’autre toutes les principautés ruthènes : Riazan, Souzdal, Vladimir et enfin Kiev en 1240. Ceux qui se soumettent ont la vie sauve, les récalcitrants sont massacrés. Les survivants terrorisés nomment Tatars ces démons que rien ne semble pouvoir arrêter, hormis les rivages de la « mer ultime » qu’ils sont bien décidés à atteindre. Le nom vient d’un des peuples qu’ils ont soumis dans leur ruée vers l’ouest et dont la consonance avec l’Enfer des anciens Grecs lui vaut de coaguler dans les pieuses consciences médiévales. Ces conquérants ne surgissent pas du royaume des morts, mais des hautes plaines de Mongolie. Drossées par la déferlante mongole, les populations slaves orientales qui jusqu’ici partageaient une histoire commune vont désormais
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