Après-guerre: la douleur, l’espoir puis l’indépendance
Plus de quatre millions de civils tués. C’est peu dire que l’Ukraine, théâtre de combats acharnés et de certaines des pires atrocités de la machine de mort nazie, a payé un lourd tribut à la Seconde Guerre mondiale quand bien même tous les Ukrainiens n’ont pas fait mauvaise figure à l’envahisseur. Les stigmates matériels, de même, sont impressionnants. Entre septembre 1941 et novembre 1943, les Allemands ont beaucoup détruit à Kiev et Kharkiv et fortement endommagé ou dévasté de multiples infrastructures industrielles et agricoles : entreprises, mines de charbon, centrales électriques, barrages, lignes ferroviaires, kolkhozes (fermes à statut coopératif), sovkhozes (fermes d’État)… Bref, l’Ukraine, en 1945, est un champ de ruines. Le pays, libéré par l’Armée rouge, réintègre le bercail du « socialisme réel », désormais grandi des régions polonaises de Galicie et de Volhynie, de la région roumaine de Bucovine du Nord ainsi que de la Ruthénie subcarpatique annexée jusqu’ici à la Tchécoslovaquie. Autant de gains territoriaux qui augmentent sa superficie de 165 000 et sa population de quelque 11 millions d’âmes. Le Parti communiste d’Ukraine, sous la férule d’un Russe marié à une Ukrainienne, Nikita Khrouchtchev, cherche à rétablir l’autorité totale du Parti sur l’ensemble du pays devenu le plus grand d’Europe après la Russie et membre à part entière des Nations Unies (où ses représentants donnent automatiquement à l’URSS une voix en sa faveur à l’Assemblée générale). dit Pierre Lorrain, spécialiste de l’ex-URSS et auteur de . Pire : des centaines d’intellectuels accusés d’encourager le « nationalisme bourgeois » sont éliminés, emprisonnés ou déportés. Toute forme de nationalisme, pour le régime, est infectée par l’idéologie capitaliste et nuit aux relations fraternelles entre les travailleurs de tous les pays soviétiques.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits