FAZE CLAN ET GRANDS PROJETS
On dirait une map de Call of Duty, bro !” C’est Richard Bengtson, alias FaZe Banks, qui parle. Nous sommes à Los Angeles, où nous visitons l’immense entrepôt rénové qui abrite les nouveaux locaux de FaZe Clan, le conglomérat spécialisé dans le gaming et les esports qu’il a co-fondé. Call of Duty, Bengtson connaît bien. Il s’est fait connaître au début des années 2010 en postant des vidéos de ses exploits sur ce classique du “first-person shooter”. Mais jamais il n’aurait imaginé pouvoir un jour en vivre, encore moins en vivre aussi confortablement. “C’était comme si tu m’avais dit que je pouvais gagner ma vie en buvant de l’eau, tu vois ? Ça n’avait aucun sens.”
Nous nous laissons avaler par un monstrueux canapé tandis qu’un peu plus loin deux employés font du skate sur le sol de béton ciré. FaZe Banks et son ami FaZe Temperrr – Thomas Oliveira pour ses parents –, l’autre co-fondateur de FaZe m’expliquent comment cette petite troupe de gamers, streamers, youtubeurs et figures des réseaux sociaux est devenue, comme du jour au lendemain, une entreprise multimédia forte de près de 130 talents, dont bon nombre ont été recrutés au sein de la CAA (Creative Artists Agency, l’une des plus grosses agences artistiques de Los Angeles), de la NFL ou de l’industrie musicale, qui s’apprête à être introduite en bourse à hauteur d’un milliard de dollars.
Bengtson et Oliveira ont fait connaissance en ligne avant de rejoindre un collectif naissant de fans de Call of Duty : le FaZe Clan, qui va se tailler une réputation grâce aux Illcams (“Comme KillCam mais sans le K”, précise Oliveira), une série de montages déconnants de morts violentes capturées par la KillCam du jeu. Pas de compétition ici, mais plutôt une approche punk de l’univers Call of Duty. Oliveira l’associe d’ailleurs à des sports complètement différents. “Tu as la dynamique du skate, avec les tricks et la difficulté”, mais aussi “le côté humiliation de passer un dunk à quelqu’un,” tout ça soigneusement emballé à la manière des vidéos de skate. En 2012, le groupe affiche déjà un million d’abonnés sur YouTube.
Les membres de FaZe doivent bien sûr exceller dans leurs jeux de prédilection, mais aussi plaire, séduire, et captiver, puisqu’ils ne se contentent plus de streamer des parties. Le groupe a grandi avec Internet et les réseaux sociaux : montrer leurs visages était la suite logique. Et le public en redemande.
En 2017, alors que le collectif FaZe de joueurs et de créateurs de contenu s’était agrandi pour inclure des équipes professionnelles d’esports, la bande
