“La proximité avec la nature est essentielle
à mon travail. Elle permet une approche plus intuitive et primitive de la création.”
C’est dans un petit village près d’Isumi, dans la préfecture de Chiba, entre océan et rizières, que l’artiste Kazunori Hamana a choisi de vivre et de créer. À l’ombre de la modernité et au rythme de la nature et de ses aspirations. “, confie-t-il. “ stimuli ” Le céramiste autodidacte, né à Osaka en 1969, a goûté à l’abondance et à l’effervescence de Tokyo, où il possédait une boutique vintage, avant de se retirer, en 2008, dans une ferme sur la côte Pacifique. Il y organise aujourd’hui ses journées en harmonie avec son environnement aux côtés de sa fille et de sa compagne, l’artiste Yukiko Kuroda, pêchant la sardine et cultivant son riz brun, qu’il fait cuire pour la maisonnée à l’aube. Et finissant ses journées au coucher du soleil par un bain face à l’océan dans un bassin de cèdre à l’eau chauffée au feu de bois. Un ancien pavillon datant de l’époque Edo, à quelques minutes de là, sert de galerie à des vases imposants en argile grise modelés patiemment à la main par Kazunori. Ces œuvres sculpturales aux ondulations irrégulières sont inspirées des , des jarres traditionnelles datant de la préhistoire. Le céramiste leur donne forme dans son atelier ouvert sur la mer, au milieu d’antiquités japonaises et coréennes. Cette discipline s’inscrit dans un cheminement personnel et relève tout autant, sinon plus, de l’exercice de contemplation et de méditation que de la performance artistique. “ , confie-t-il. Sur la terrasse de son studio à l’étage du domicile familial, des créations peintes de motifs abstraits grâce à des pigments minéraux sont abandonnées aux caresses du vent et de la pluie, et aux morsures de l’air salin comme de gros coquillages polis et écorchés par la mer. Une façon de permettre à la nature de laisser une empreinte sur des objets du quotidien. Les choses racontent ici une histoire à l’image des vases brisés sur le chemin entre l’atelier et le four, et sublimés par Yukiko selon la technique du . Celle-ci permet de sceller des fragments de céramique au moyen d’une laque à base de sève d’arbre saupoudrée de paillettes d’or, d’argent, de platine ou encore d’étain. Le geste créatif s’accompagne du désir, partagé, de relier les éléments constitutifs d’un tout, peu importe leur échelle. “, pointe Kazunori.