Réponses Photo

Willy Ronis

“Ce jour-là, j’avais fait une petite entorse à ma pratique habituelle”

Lorsqu’en 2001, Willy Ronis (1910-2009) était l’invité d’honneur d’un numéro exceptionnel de Réponses Photo, il avait préféré nous montrer des images inédites plutôt que ses clichés les plus iconiques. , déjà imprimé dans l’inconscient collectif, n’avait sans doute pas besoin d’être reproduit dans nos pages pour être présent dans l’esprit de nos lecteurs. “Cette photo pourrait venir (Gallimard, 2008). “Elle a eu un succès formidable, on en a fait un poster, des cartes postales, j’ai su qu’on la voyait même à l’étranger, dans les bistrots, ou dans les boulangeries, à New York, et dans un certain nombre de capitales européennes”. Aujourd’hui encore, elle fait l’objet de détournements et d’hommages variés. Pourquoi alors la publier, 70 ans après sa réalisation, en couverture de Réponses Photo ? Déjà parce que les plus jeunes de nos lecteurs ne la connaissent peut-être pas. Et surtout car, même vue des millions de fois, elle symbolise la pérennité du noir et blanc et l’atemporalité de son pouvoir d’évocation. La même photo en couleurs paraîtrait bien plus datée, ancrée dans son temps, ne serait-ce que par le rendu chromatique des procédés d’alors. Il suffit de regarder la photo ci-dessous, qui évoque davantage une reconstitution cinématographique des années 1950 façon Wes Anderson qu’un moment extrait hors du temps. Réalisée dans un contexte d’après guerre et de liberté retrouvée, Le Petit Parisien est devenu aujourd’hui un symbole de liberté tout court. À l’heure ou l’histoire se répète tragiquement, elle prend même une résonance particulière quand on sait que les parents de Willy Ronis, un Ukrainien et une Lituanienne, s’étaient réfugiés à Paris où ils se sont rencontrés, pour fuir les pogroms de l’Empire russe. Le père, photographe de portrait, meurt en 1936. Willy Ronis revend alors le studio familial et s’éprend d’une photographie libre et spontanée, au contact de la rue. Engagé un temps au Parti communiste, il signe des reportages sociaux dans la presse. En 1954, il troque son moyen format Rolleiflex pour un 24x36 Foca bien plus maniable. Cette image (recadrée au tirage) est donc l’une des dernières de sa période 6x6, et elle constitue l’une de ses rares mises en scène. “Ce jour-là, j’avais fait une petite entorse à ma pratique habituelle”, raconte-t-il. “Je devais illustrer un reportage qui s’appelait Revoir Paris et racontait l’histoire d’un Parisien qui était allé vivre quinze ans à New York et revenait à Paris, en remarquant avec amusement tous les signes distinctifs de ce qu’on voit dans la ville. Parmi toutes ces choses distinctives, il y avait bien entendu le grand pain parisien.

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