Mélenchon, la dernière bataille du vieux lion
Acte 1
Janus
C’est un soleil de décembre, un soleil d’hiver, qui éblouit les badauds parisiens de la discrète Cour des petites écuries et pénètre difficilement les vitraux de la brasserie Flo. On est ici à l’abri des curieux. Dans le fond de la salle, un homme attend, le crâne bien dégarni, le cou dans les épaules, la tête baissée mais le regard sombre et relevé, guettant le bal des serveurs et des clients. C’est Julien Dray et il attend Jean-Luc Mélenchon. Il y a si longtemps que ces deux enfants terribles des années Mitterrand n’ont pas taillé le bout de gras. Dans un passé pas si lointain, ils fondèrent la gauche sociale, rappelant sans cesse la gauche à ses idéaux. Ils se séparèrent puis se détestèrent. Mais nous sommes en décembre 2019 et, dehors, les gilets jaunes grondent. La révolution? Sait-on jamais. Dray a décroché son téléphone et convié Mélenchon. Sait-on jamais.
« Le mouvement social dont tu as toujours rêvé, il est là. Tu peux le construire avec cette base. C’est une nouvelle génération de travailleurs », exhorte Dray.
– Tu crois?
Mélenchon est perplexe.
– Tu n’as qu’à faire ce que tu as appris à l’école: tu envoies des militants sur les ronds-points. Ils vont y parler, y dormir. Ils proposeront ensuite une coordination avec une plateforme et des porte-parole.
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