Lodyssée PENÉLOPE
Sur elle, on a projeté références et hommages. En la voyant dans Étreintes brisées, comment ne pas penser à Ingrid Bergman ?
Ou à la folklorique Imperio Argentina dans La Fille de tes rêves ? Mais il faut bien l’avouer: voir Penélope Cruz allongée sur La Naissance de Vénus de Botticelli, pour la photo de Maurizio Cattelan, revêt une allure plus singulière encore, proche de ce qu’elle peut être. À sa façon, l’artiste italien traduit l’empreinte si puissante qu’elle a laissée sur nos rétines de spectateur : elle est une présence à la fois familière, banale, quotidienne et intemporelle, de marbre, immortelle. Il me semble que ce sentiment touche n’importe quel spectateur. Mais je crois aussi que cette émotion est d’autant plus intense pour un Espagnol, comme c’est mon cas, tant Penélope est ancrée dans notre imaginaire collectif.
Avant de m’expliquer, je vais remonter le temps jusqu’à l’un des moments décisifs de cet inconscient, celui qui, en Espagne, a fait du cinéma un phénomène plus grand que l’art, l’industrie et même la vie : je pense à cette période où, en plein régime franquiste, Ava Gardner a transformé Madrid en terrain d’aventures nocturnes, alimentant de ses frasques la traditionnelle presse people nationale. Ava siècle, une jeune femme originaire d’Alcobendas – proche de Madrid – semblait au firmament du septième art. Le cinéma américain lui tendait les bras. L’Espagne avait beaucoup changé, Los Angeles aussi. Et pourtant, la mue n’a pas pris, du moins, pas immédiatement. D’autres l’ont remplacée dans le rôle de la star du moment.
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