“Pas facile pour moi d’expliquer pourquoi ça a marché entre nous”
PETER DOHERTY
’EST UNE BELLE MAISON ANGLO-NORMANDE ADOSSÉE À LA COLLINE. On y vient en voiture par la route du Havre, on ne frappe pas. Celui à qui elle appartient a confié la clef à Frédéric Lo pour qu’il puisse mener à bien ce projet. De la terrasse, on entend les mouettes et, au-dessus des toits gris de cet ancien village de pêcheurs, on aperçoit, de l’autre côté, la maison où habite, depuis quelque temps déjà, Peter Doherty. Que présenter dans ces pages serait faire injure aux lecteurs puisque ceux qui les remplissent depuis le début des années 2000 ont suivi ses exploits et les ont consciencieusement rapportés. Pourtant, à la différence de ses confrères british, et au risque de se distinguer, Rock&Folk, le plus souvent, s’est concentré sur la musique de Doherty. Tour à tour libertin, gamin semeur de pagaille et plus récemment chanteur des Puta Madres, le type botte. Ou agace. Ou fascine. Pour situer, il est né (pas très loin de Newcastle) l’année de la sortie de “London Calling”, “Damn The Torpedoes” et “Rust Never Sleeps”, des titres de 33-tours qui vont bien à ses humeurs et à son teint pâle. Surtout, ne pas oublier son premier album solo, gracieux et cinglant, concocté avec Stephen Street et Graham Coxon que, faute de pouvoir en faire plus, on s’était contenté d’encenser en 2009. A cette époque, Peter Doherty était encore à fond dans le collimateur de la presse à scandale de son Angleterre et dans celui des dealers de partout. Les mannequins, les frasques, la drogue et la prison, on n’a pas tout su, mais on en distinguait les gros traits. Forcément, depuis qu’il grimpe sur des scènes, Doherty nous a à peu près tout fait: du génial au pathétique en passant par l’excellent et le moins bon. Il n’y a encore pas si longtemps, après ses concerts, certainement plus fidèle à l’image qu’on a de lui qu’à ce qu’il est vraiment, Peter était souvent aperçu en train de fouler l’asphalte vers quelque bar de nuit, plutôt que backstage. Dans des états plus ou moins tertiaires, entre enflammé de service et Capitaine Fracasse, avec des grappes de fans coagulés à son ombre,