Un chaste baiser
Je venais de quitter Julie depuis vingt minutes quand mon téléphone a sonné :
– Alex ! J’ai oublié de te demander, tu ne veux pas m’accompagner à un vernissage ?
– Tu n’en rates pas une, toi ! ai-je dit en riant. C’est quand ?
– Mais c’est maintenant ! On se retrouve, allez !
Je voyais le genre de soirée que ça allait être. Julie allait retrouver des amies, des artistes, des vagues connaissances et j’allais la suivre, mal à l’aise. Je n’avais plus l’âge de jouer les potiches dans des pince-fesses !
– Ecoute, je ne crois pas, je vais rentrer lire un bon bouquin.
– Mais tu feras ça quand tu seras vieille, ma belle ! Il faut vivre ! dit-elle en haussant le ton. Comme autrefois !
Depuis la mort de mon mari, c’est vrai, on ne peut pas dire que j’ai le cœur à rire et l’esprit aux petits plaisirs.
– Je ne sais pas…, ai-je dit, hésitante.
– Tu ne peux pas te débiner, le taxi est là… je te vois ! a crié Julie comme si on faisait une partie de cache-cache et qu’elle venait effectivement de me trouver.
En relevant la tête, j’ai vu un taxi rouler doucement vers moi. Il s’est arrêté à ma hauteur et la vitre arrière s’est ouverte sur le visage hilare de Julie. – Allez, monte, je t’emmène !
Avais-je le choix ?
Le chauffeur n’avait pas l’air commode. J’ai eu peur qu’il demande à Julie de descendre. Avant qu’il ouvre la bouche, je me suis glissée dans la voiture et Julie lui a donné l’adresse.
– Ecoute, tu exagères, ai-je dit pour la forme. Une copine qui t’a plantée à la dernière minute, c’est ça ?
– Pas du tout ! Je t’avais parlé du vernissage de
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