Le pic du diable
cdureau@noos.fr un vent glacial venu du nord souffle à plus de cent à l’heure.
Sa force est telle que les plus jeunes sapins de la forêt se couchent, près de céder sous la violence. Malgré cela, un épais brouillard reste présent entre les arbres et s’élève jusqu’au sommet des montagnes enneigées, interdisant toute sortie aux skieurs de la station et a fortiori aux amateurs d’escalade.
La veille, lorsque Géraldine Brassac a entrepris l’ascension du Pic du Diable malgré l’opposition de Théo, son mari, les éléments ne semblaient pas devoir se déchaîner. Le ciel était clément, à l’exception de quelques nuages noirs qui se profilaient à l’horizon.
– Je monte avec Gino et nous redescendrons vers 15 heures. Cette sortie est prévue de longue date. Ce ne sont pas trois malheureux nuages qui vont nous arrêter. Si vraiment il y avait un problème, nous ferions halte au refuge des Deux-Marmottes.
Gino, c’est l’un des guides de haute montagne de Moutron-La Cluse, un village de trois cent cinquante habitants l’été et plus de deux mille l’hiver. Moutron n’est pas une station de sports d’hiver – elle ne compte que quatre hôtels et trois téléskis – mais plutôt une sorte de camp de base pour les alpinistes, qu’ils soient débutants ou confirmés. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas d’école de ski ni de moniteurs. En revanche on peut y trouver une dizaine de guides professionnels, dont plusieurs ont déjà gravi les plus hauts sommets du monde, dont le Kilimandjaro, l’Aconcagua et même le K2.
Pas d’inquiétude néanmoins puisque la jeune femme avait envoyé un SMS à son mari vers 14 heures, lui affirmant que tout allait bien. Ils allaient pourtant devoir se réfugier aux Deux-Marmottes où ils préféraient demeurer jusqu’au lendemain, plutôt que de prendre des risques inconsidérés en tentant un retour le soir même à Moutron. Dans la nuit, la tempête était devenue plus agressive encore. Non seulement la région était intégralement
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