G&H : Fin décembre, la justice russe a décidé la dissolution de Memorial, l’ONG fondée en 1989 par Andreï Sakharov et d’autres dissidents. Pourquoi s’attaquer à ce symbole?
Memorial comptait deux branches. La première, consacrée à la défense des droits de l’homme, a été fermée le 29 décembre par un simple tribunal moscovite. La seconde branche a été fermée la veille par la Cour suprême, tout un symbole. Elle se vouait à la préservation de la mémoire des répressions en Russie post-révolutionnaire. Ses 64 branches régionales ont effectué un travail monumental, en éditant notamment un annuaire des camps de travail et autres centres de « peuplement spécial », un fichier de 3,5 millions de victimes, et quantité d’ouvrages éclairant la Grande Terreur de 1937-1938. Mais l’activité dépassait largement le cadre des crimes du stalinisme.