Éden en voie de liquidation
es orchidées s’élancent, rose Malabar, aériennes, irréelles. Odeurs de terre et de fruits, feuilles violettes géantes, oiseaux psychédéliques comme des poissons de la mer Rouge, araignées bleues duveteuses, arbres par milliers – des graciles, des costauds, des jeunes, des vieux – et grenouilles qui s’époumonent. Que de monde là-dedans! Ça palpite, ça vibre à tous les étages. La Mata Atlântica, l’autre forêt brésilienne, classée réserve de biosphère par l’Unesco, celle dont on ne parle jamais, court sur la façade atlantique du Nordeste jusqu’au nord de l’Argentine. Un océan végétal déforesté à 90 % qui rend la vie possible à Rio ou São Paulo, mais aussi New York ou Paris. Neuf à dix millions d’hectares sillonnés de sources et de rivières, fouettés de cascades, où survivent 20 % de la flore mondiale et une faune de centaines d’espèces menacées d’extinction: jaguars, singes muriquis, tamarins-lions dorés, ibis rouges. À Itacaré, sorte de Saint-Tropez brésilien au sud de l’État de Bahia, la forêt vert pomme regarde l’océan dans les yeux. Les baleines à bosse y suivent un chemin immémorial. Plus haut, la forêt plonge dans la rivière, devient mangrove surpeuplée de crevettes et crabes survoltés. annonce Carolina de Moraes, docteure en botanique et biologie végétale. Elle nous guide, machette au flanc, dans une sarabande de branches, de racines et de cimes. Un arbre gigantesque se dresse, débordé par des écheveaux de lianes crantées. dit Carolina. Un murmure nous parvient, une source. De
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits