“Je fais de la musique depuis que j’ai dix-sept ans, je n’ai jamais eu d’autre métier”
À L’ÉCOUTE DES PREMIERS COUPLETS DE “TEARS ARE FALLING” QUI OUVRE SON NOUVEAU (ET EXCELLENT) ALBUM “CHANGE THE SHOW”, une pensée nous frappe: Miles Kane est devenu vieux sans qu’on s’en rende compte. Le jeune homme moderne qui réveillait les fantômes des années soixante, le petit dernier de la bande, le petit frère (ou plutôt le petit cousin) des groupes de la scène de Liverpool des années 2000 est devenu un mec en proie à des problématiques de trentenaires et se retrouve aujourd’hui dans une situation de mentor vis-à-vis de jeunes artistes. Comment cela a-t-il pu nous échapper? Déjà parce que depuis quelques années, il semble vivre une sorte de crise d’adolescence, comme si, la trentaine arrivée, il avait eu besoin de déconner pour ne pas se voir vieillir. Exilé à Los Angeles trois ans durant auprès de son pote Alex Turner (qui a lui aussi été en proie aux mêmes interrogations existentielles ces derniers temps), Miles Kane a ainsi troqué sa dégaine paulwellerienne pour un style plus proche du skinhead (ou du lad ordinaire qui écluse sa misère au pub, c’est selon): polo Fred Perry, chaînette en or autour du cou, cheveux ras et attitude frondeuse. C’est ainsi attifé que le chanteur est apparu à l’écran lors d’une conversation Zoom partagée juste avant les fêtes de fin d’année. Affable, plein d’énergie, Miles Kane a confié son enthousiasme et sa joie d’être de retour après la pause forcée par la crise sanitaire internationale.
“”, s’amuse Miles Kane quand on le questionne concernant son activité durant les confinements successifs. “, ajoute-t-il avant de reprendre son sérieux. . Qui suis-je putain? Un passage d’autant plus difficile à vivre pour le musicien car il revenait d’une période compliquée à Los Angeles qui l’avait vu perdre certaines de ses illusions. confie Kane. Je vais percer en Amérique et être une superstar là-bas Il faut reconnaître que, d’un à lui, toujours entre deux fêtes, Kane ne nie pas, mais il fait la moue: “” The Last Shadow Puppets, c’est à la fois le grand oeuvre et la malédiction de Miles Kane. C’est le projet avec lequel le reste de sa discographie sera toujours jugé, celui qui le lie à Alex Turner, avec lequel il doit supporter la comparaison à chacune de ses publications. Toujours être comparé à son meilleur pote qui a du succès a de quoi être pesant, surtout quand ce dernier est l’icône d’une génération. Mais Kane a cru en lui, s’en est allé à Los Angeles en 2015 rejoindre son pote et vivre le rêve américain, enregistrer le deuxième album tant attendu des Last Shadow Puppets, écrire des chansons avec Lana Del Rey, monter un avec des rock stars fanées et cramer la vie par les deux bouts. Alors que Turner publiait avec “Tranquillity Base And Casino” des Arctic Monkeys un album clivant, mais indéniablement marquant et événementiel, Kane sortait un disque inspiré par ses soirées de débauche et sa passion pour le catch (“Coup De Grace”) dans un relatif anonymat. Ajoutez à cela un tenace autour d’une interview durant laquelle il s’est montré trop insistant auprès d’une journaliste de Spin, et on comprend aisément que Kane a ressenti le besoin de se ressourcer en rentrant au pays. Avant de quitter l’oncle Sam, Kane a publié en 2019 un single uniquement sur les plateformes numériques. “Blame It On The Summertime”, une chanson décontractée, qui sonne comme du Supergrass ou du Twin Peaks, avec un texte introspectif. “” Motown, le mot en M est lâché. Il en sera beaucoup question dans cette interview et, on l’imagine, dans de nombreuses chroniques traitant cet album dans la presse mondiale.