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LE PHARAON DU FOOTBALL

LA LORD MAIRE DE LIVERPOOL Mary Rasmussen sourit nerveusement. Autour du cou, elle porte une large chaîne et un médaillon en or aux armoiries de la ville. Le genre de bijoux habituellement réservé à la venue d’un membre de la famille royale ou d’un dignitaire étranger. Son choix semble adéquat: ça n’est pas tous les jours que le « roi d’Égypte » vous rend visite. En cette journée d’automne dégagée, l’attaquant vedette de Liverpool Mohamed Salah s’est déplacé à l’hôtel de ville pour un entretien avec une chaîne de télévision égyptienne. Les producteurs voulaient un lieu d’envergure et un décor opulent pour filmer leur icône nationale, ils n’auraient pas pu mieux choisir. De style géorgien, ce bâtiment d’une beauté ostentatoire est décoré de colonnes corinthiennes, de moulures dorées et d’impressionnants lustres en cristal. Rasmussen m’informe que chacun pèse une tonne. Le personnel s’affaire dans tous les sens, discutant à voix basse alors que les caméras tournent dans la pièce voisine. Un « Salah! » retentit. Même Mary, pourtant supportrice d’Everton, le rival honni de Liverpool, ne peut cacher son enthousiasme. « Je ne suis pas rancunière », chuchote-t-elle. À vrai dire, si l’on oublie les rivalités entre clubs, qui n’aime pas Mohamed Salah? En Égypte, pays où sa biographie est enseignée à l’école, on le surnomme « le faiseur de bonheur », autant pour ses prouesses sur le terrain qu’en dehors. En cinq saisons, il a mené une équipe de Liverpool en pleine renaissance vers un titre en Premier League et une victoire en Ligue des champions, battant au passage des tas de records. Son sourire radieux, son combo coupe afro-barbe et son sens du travail acharné font de lui l’incarnation du père de famille idéal. À Nagrig, le village où Salah a grandi, situé dans le delta du Nil, au nord du Caire, sa générosité est légendaire. Il a financé la construction d’une école, d’une station d’épuration et une entreprise d’ambulances. Chaque mois, sa fondation fournit de la nourriture et de l’argent aux personnes démunies.

Sa bonté fait l’objet de nombreuses légendes, mais comme Salah ne s’exprime pratiquement jamais dans la presse, personne n’est en mesure de savoir lesquelles d’entre elles sont vraies. Pour certaines, sans preuve photo ou vidéo, on aurait eu du mal à y croire. Comme cette fois où une bande de salauds s’en prenaient à un sans-abri dans une station-service de Liverpool: Salah est arrivé avec sa Bentley pour intervenir… et a fini par donner au sans-abri assez d’argent pour se loger. Il y a aussi eu l’histoire du voleur qui a dérobé 30000 livres égyptiennes (environ 1 700 euros) dans la voiture du père de Salah. La police a attrapé le coupable mais Salah a persuadé son père de ne pas porter plainte et a donné de l’argent au voleur pour l’aider à prendre un nouveau départ. Selon des chercheurs de l’université de

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